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Domestic Violence and Parental Alienation: International Perspectives

Après les précédentes conférences européennes sur la violence domestique (ECDV) à Belfast, Porto, Oslo et Ljubljana, la cinquième conférence européenne sur la violence domestique s’est déroulée du 11 au 13 septembre 2023 à Reykjavík, en Islande. L’objectif de l’European Conference on Domestic Violence est de partager et d’enrichir les connaissances et les expériences sur un large éventail de questions concernant la violence domestique.

Les conséquences de l’usage de l’ « aliénation parentale »

Les allégations d’ « aliénation parentale » dans un contexte de violence conjugale et de maltraitances sur les enfants sont l’objet d’études dans plusieurs pays afin de comprendre et documenter le phénomène. Lors de l’ECDV (European Conference on Domestic Violence) à Reykjavik, des universitaires ont présenté des données de recherche sur cette thématique, notamment dans le cadre du symposium « Domestic Violence and Parental Alienation: International Perspectives » organisé par le Professeur Simon Lapierre le 11 septembre 2023.

Domestic Violence and Parental Alienation: International Perspectives

1. Résumé du symposium (traduction de l’abstract)

Au cours des dernières années, un nombre croissant d’études menées dans différents pays se sont penchées sur la relation entre la violence domestique et l’ « aliénation parentale », et leurs résultats montrent que des femmes ayant fait l’expérience de violence domestique ont également été accusées d’ « aliénation parentale ». Dans le cadre des procédures de garde et de protection des enfants, les stratégies de protection des femmes maltraitées peuvent être interprétées à tort comme des comportements « aliénants », ce qui a des implications significatives pour la sécurité et le bien-être des femmes et des enfants.

Ce symposium comprend des communications de chercheur-es et d’organisations communautaires impliqués dans un projet intitulé « Aliénation parentale et violence domestique : Partenariat international pour des stratégies innovantes », financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et dirigé par le professeur Simon Lapierre. Ce projet rassemble plus de 80 chercheur-es et partenaires communautaires de 13 pays (Australie, Belgique, Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, France, Irlande, Islande, Israël, Italie, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni) afin de trouver des moyens efficaces de remettre en question les discours et les pratiques, et de contrer les allégations faites à l’encontre des femmes ayant fait l’expérience de violence domestique. Les communications présentées dans ce symposium s’appuient sur les données recueillies dans le cadre de ce projet, ainsi que les travaux individuels menés par les membres de l’équipe dans leurs pays respectifs.

2. Communications :

Survivors’ Perspectives on Parental Alienation and Domestic Violence: Highlights from an International Survey
Simon Lapierre, Patrick Ladouceur, Raheleh Sazgar, Camila Cardeal, Tanishka Sharma.

Simon Lapierre

Simon Lapierre, Patrick Ladouceur, Raheleh Sazgar, Camila Cardeal, et Tanishka Sharma ont présenté les résultats1 de l’enquête internationale menée dans 13 pays auprès de victimes de violences conjugales et qui ont été considérées comme des mères « aliénantes ». Les résultats de la recherche mettent en lumière le contexte dans lequel ces femmes ont été étiquetées comme des mères « aliénantes », et les impacts sur la sécurité et le bien-être des femmes et des enfants. Les similitudes et les différences entre les pays ont également été mises en évidence.


Living the Nordic Paradox – Challenging Systemic Violence and the Pro-Contact Cultural Discourse in Iceland
Eija Jansdotter

Eija Jansdotter

Life Without Violence est un groupe d’activistes qui s’appuie sur la recherche et qui a été créé en 2019 pour protester contre le rejet systématique de la violence domestique lors des affaires de droits de visite et d’hébergement en Islande. Eija Jansdotter revient dans sa communication sur la manière dont les discours sur l’ « aliénation parentale » se sont ancrés dans la société et les systèmes juridiques islandais, en se basant sur des cas concrets.

Disinformation Purveyors – Alienation Proponents or Abuse Experts?
Joan Meier

Joan Meier

Joan Meier a analysé comment les promoteurs de la théorie de l’ « aliénation parentale » organise la désinformation, les attaques envers des chercheur-es et le déni autour des conséquences de l’usage de cette notion. A partir de l’échange entre Meier et al et Harman & Lorandos, concernant l’étude empirique de Meier et al sur le manque de confiance des tribunaux de la famille à l’égard des allégations des femmes et des enfants, Joan Meier souligne les erreurs et analyses statistiques erronées de Harman & Lorandos afin d’inverser la réalité.

The Australian Family Courts and Reunification ‘Therapy’ Orders
Zoe Rathus

Zoe Rathus

Zoe Rathus a présenté une recherche préliminaire sur la façon dont les programmes de « réunification », qui prétendent réunir les parents avec leurs enfants séparés, sont pris en compte par les tribunaux de la famille australiens à partir d’une analyse de 27 jugements.

The Diffusion of the Controversial Notion of « Parental Alienation » in France: A Qualitative and Textual Analysis of the Press
Pierre-Guillaume Prigent, Gwénola Sueur

Pierre-Guillaume Prigent et Gwénola Sueur

Pierre-Guillaume Prigent et Gwénola Sueur présentent les résultats d’une analyse qualitative et textuelle de la presse française entre 1999 et 2023 consacrée à la notion d’ « aliénation parentale ». Après avoir identifié les mondes lexicaux associés aux différentes périodes d’émergence, d’institutionnalisation et de contestation de la notion d’aliénation parentale, ils montrent que l’usage social du concept est façonné par des rapports de force communicationnels antagonistes.

Lors de cette conférence internationale d’autres chercheures ont présenté des communications sur les conséquences de l’usage de la notion, et les groupes de pression comme Vesna Leskošek (« Allegations of parental alienation in custody decisions in IPV cases »), Zuzana Ocenasova et Margunn Bjornholt (« Victime reversal: discourses by fathers’ groups in Norway and Slovakia »). Selon le contexte, la crainte de perdre le contact avec leurs enfants après une allégation d' »aliénation parentale » pourrait décourager certaines femmes à révéler des violences, voire même à quitter le conjoint violent.

Rapport spécial des Nations Unies sur l’aliénation parentale et ses conséquences au Canada 

Le professeur Simon Lapierre présente le 11 janvier 2024 des éléments du projet international dans la cadre d’un webinaire organisée par le VFDF avec Reem Alsalem, Spéciale Rapporteuse des Nations Unies. Reem Alsalem fait le point sur le rapport, Garde des enfants, violence contre les femmes et violence contre les enfants, publié en avril 2023. Puis « Jane », Jeunes ayant vécu des expériences, témoigne de son expérience dans les champs de réunification. Nneka MacGregor, cofondatrice et directrice générale du Women’s Centre for Social Justice, Suzanne Zaccour, directrice des affaires juridiques de l’ Association nationale Femmes et Droit et Mary Birdsell, directrice générale de Justice for Children and Youth, reviennent ensuite sur les conséquences de la mobilisation de la notion en contexte de violence domestique.

Face à ces constats, une coalition canadienne de groupes de défense des droits des femmes demande dans une lettre adressée au ministre fédéral de la Justice de modifier la Loi sur le divorce l’interdiction de l’invocation de l’ « aliénation parentale » dans les tribunaux de la famille.

Réseau International des Mères en Lutte


  1. La dissémination des résultats de l’étude est réservée aux membres du groupe de recherche sous la supervision du professeur Simon Lapierre ↩︎

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