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Rejet de la notion d’ « aliénation parentale » par les expert-es du MESECVI

Extrait du Communiqué de presse du 12 août 2022

[Pour accéder à la traduction (for translation) cliquer (click) : ici-here]

L’usage de l’aliénation parentale1 fait l’objet non seulement de critiques quant à ses fondements théoriques et idéologiques, mais également de préoccupations pour la sécurité des victimes de violences de genre dans sa mobilisation dans les procédures socio-judiciaires.

En Europe la résolution du parlement européen sur les conséquences des violences conjugales et des droits de garde sur les femmes et les enfants, puis le troisième rapport général du GREVIO2 (GREVIO, 2022, p. 47-56) soulignent que la minimisation des violences devant les tribunaux aux affaires familiales est liée à l’utilisation de cette notion.

Sur une partie du continent américain, en Amérique Latine et aux Caraïbes, le comité d’expert-es du MESECVI, chargé de l’analyse et de l’évaluation du processus de mise en œuvre de la Convention interaméricaine de Belém do Pará, alerte à son tour des conséquences de la mobilisation de la notion d’aliénation parentale dans un communiqué de presse co-rédigé avec Reem Alsalem3, rapporteure spéciale des Nations Unis.

La Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Convention Belém do Pará)

L’élaboration de la Convention Belém do Pará a lieu au moment de la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes des Nations Unis (Landro, 2015, p. 83). Il s’agit du « premier traité international qui reconnaît que la violence contre la femme est une violation des droits fondamentaux et la définit de façon détaillée » (Landro, 2015, p. 84).

Cette convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (ou Convention Belém do Pará) est rédigée le 9 juin 1994 au Brésil, à Belém do Pará, lors de la vingt-quatrième session ordinaire de l’Assemblée Générale de l’Organisation des États américains. Elle est ensuite adoptée le 6 septembre 1994 puis entre en vigueur le 5 mars 1995.

Les pays membres de l’Organisation des États Américains, à l’exception du Canada et des États-Unis, ont tous ratifié ou adhéré à la Convention Belém do Pará. Les pays qui l’ ont ratifié sont donc : Argentine, Barbade, Bolivie, Brésil, Chili, Costa Rica, Dominique, Équateur, El Salvador, Grenade, Guatemala, Guyana, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay, Venezuela. Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Belize, Colombie, Haïti ont quant à eux adhéré à la Convention.

Cet instrument novateur, juridique et contraignant est constitué de cinq chapitres et vingt-cinq articles. La Convention Belém do Pará reconnaît dans son préambule que les violences contre les femmes4 est une violation des droits de l’homme et des libertés fondamentales, nous soulignons :

RECONNAISSANT que le respect illimité des droits de l’homme a été consacré dans la Déclaration américaine des droits et devoirs de l’homme et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, et qu’il a été réaffirmé dans d’autres instruments internationaux et régionaux ;

AFFIRMANT que la violence contre la femme constitue une violation des droits de l’homme et des libertés fondamentales, en même temps qu’elle impose totalement ou partiellement des restrictions à la reconnaissance, la jouissance et l’exercice de ces droits ;

PRÉOCCUPÉS par le fait que la violence contre la femme constitue une offense à la dignité humaine et est une manifestation des rapports de pouvoir historiquement inégaux entre les hommes et les femmes ;

RAPPELANT la Déclaration sur l’élimination de la violence contre la femme, adoptée par la vingt-cinquième Assemblée des délégués de la Commission interaméricaine des femmes, et affirmant que la violence contre la femme touche tous les secteurs de la société, quels que soient leur classe sociale, leur race ou groupe ethnique, leur niveau de revenus, leur culture, leur âge ou leur religion, et a des incidences sur ses bases mêmes ;

CONVAINCUS que l’élimination de la violence contre la femme est indispensable à son épanouissement individuel et social et à sa participation pleine et égalitaire à toutes les sphères d’activité de la vie ;

CONVAINCUS que l’adoption d’une convention visant à prévenir, à sanctionner et à éliminer toutes les formes de violence contre la femme dans le cadre de l’Organisation des États Américains, contribue de manière constructive à la protection des droits de la femme et à l’élimination des situations de violence qui pourraient l’affecter […]

En ce qui concerne la nature des violences, la Convention Belém do Pará en donne une définition « incluant ses diverses modalités : physiques, sexuelles et psychologiques » (Landro, 2015, p. 84). Elle réaffirme par ailleurs dans l’article 5 que ces violences faisaient obstacles aux droits des femmes :

Article 5 :

Toute femme peut exercer librement et pleinement ses droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et se prévaloir de la protection totale des droits consacrés dans les instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme. Les États parties reconnaissent que la violence contre la femme entrave et annule l’exercice de ces droits.

Les États parties sont enfin contraints par les articles 7 et 8 à adopter « par tous les moyens appropriés et sans délais injustifiés, une politique visant à prévenir, à sanctionner et à éliminer » les violences faites aux femmes.

La mise en œuvre de ce traité nécessite un processus d’évaluation et de soutien. Le MESECVI est alors créé en 2004 : il est composé d’expert-es indépendant-es, nommé-es par chacun des États parties parmi leurs ressortissants, qui exercent leurs fonctions à titre personnel.

Le Comité d’expert-es du MESECVI et la rapporteure spéciale des Nations Unies rejettent l’usage de l’aliénation parentale

Le 12 août 2022 le MESECVI et Reem Alsalem « expriment leur inquiétude quant à l’utilisation illégitime du concept de syndrome d’aliénation parentale à l’encontre des femmes » et engagent la responsabilité des États signataires de la Convention de Bélem.

Tweet du 12 août 2022 du MESECVI

Leur communiqué de presse stipule que

l’utilisation du concept controversé de syndrome d’aliénation parentale à l’encontre des femmes lorsqu’elles dénoncent des violences sexistes à leur encontre, ou à l’encontre de leurs filles et de leurs fils, fait partie du continuum de la violence fondée sur le genre et pourrait engager la responsabilité des États en matière de violence institutionnelle.

En effet ces expert-es ont eu connaissance de nombreuses situations où des instances judiciaires avaient pris en compte la notion d’aliénation parentale. Les principales conséquences de cet usage sont le transfert de la résidence des enfants chez le père accusé de violences ou l’imposition d’une garde partagée même dans les situations où la mère et les enfants courent un risque pour leur sécurité.

De fait le MESECVI et la Rapporteure spéciale Reem Alsalem « invitent instamment les États parties […] à mener des enquêtes rapides et exhaustives pour déterminer l’existence de la violence à l’égard des femmes et à interdire explicitement l’utilisation, au cours des procédures judiciaires, de preuves visant à discréditer un témoignage fondé sur le syndrome d’aliénation parentale, comme le recommande la ‘Déclaration sur la violence à l’égard des femmes, des filles et des adolescentes et sur leurs droits sexuels et reproductifs‘ ».

Ils « exhortent les États à éliminer l’utilisation de ce syndrome pour éviter de placer tant les enfants que les mères dans une situation de grande vulnérabilité ». Ils recommandent enfin « de donner la priorité aux principes de l’intérêt supérieur de l’enfant, de l’égalité entre les hommes et les femmes et d’agir avec la diligence requise, ainsi que d’inclure la perspective de genre et intersectionnelle ».

En parallèle, des promoteurs de la notion d’ aliénation parentale par l’intermédiaire du Parental Alienation Study Group envisagent de faire pression, de nouveau, pour l’inclure dans le DSM-5-TR sous une nouvelle appellation, à savoir le PARP (Parental Alienation Relational Problem). William Bernet et Amy Baker viennent de rédiger un document où ils proposent que l’aliénation parentale soit considérée comme un problème relationnel dans le chapitre du DSM-5-TR intitulé ‘Autres affections pouvant faire l’objet d’une attention clinique’. Ils demandent que « la formulation proposée pour le problème relationnel d’aliénation parentale (PARP) [soit incluse sous le terme] Z62.898 Problème relationnel d’aliénation parentale » (Bernet & Baker, 2022, p. 2).

Si la sécurité et la liberté des victimes de violences de genre sont au cœur des préoccupations des ONG, des institutions comme le MESECVI, le GREVIO, et des rapporteur-es de Nations Unies, les partisans de la notion d’aliénation parentale adaptent leurs discours et leurs stratégies face aux mises en garde légitimes, et d’une ampleur croissante dans le monde.

  1. Nous écrirons aliénation parentale tout au long du texte. Face aux critiques, les partisans de la reconnaissance du « syndrome » suppriment le terme, pour autant l’origine et le sens n’en sont pas fondamentalement changés.
  2. Le GREVIO est l’organe spécialisé indépendant qui est chargé de veiller à la mise en œuvre, par les Parties, de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul). Il élabore et publie des rapports dans lesquels il évaluera les mesures d’ordre législatif et autres prises par les Parties pour donner effet aux dispositions de la Convention.
  3. Reem Alsalem a été nommée, par le Conseil des droits de l’homme en juillet 2021 de l’ONU, Rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences. Son mandat pour trois ans a débuté le 1er août 2021.
  4. Le texte de la Convention de Bélem parle de violence contre la femme, nous indiquerons dans l’article « violences contre les femmes » dans la présentation du traité.

Bibliographie

Bernet, William & Baker, Amy (22 août 2022). Proposal for Parental Alienation Relational Problem to be Included in “Other Conditions That May Be a Focus of Clinical Attention”
in DSM-5-TR. Repéré à https://pasg.info/app/uploads/2022/08/Proposal-2022-08-22.pdf Consulté le 23 août 2022.

Committee of Experts of the Follow-up Mechanism to the Belém do Pará Convention (MESECVI) (2014). Declaration on violence against women, girls and adolescents and their sexual and reproductive rights. Repéré à https://belemdopara.org/wp-content/uploads/2021/12/DeclaracionDerechos-EN.pdf Consulté le 12 août 2022.

Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Convention Belém do Pará) (1994). Repéré à http://cidh.oas.org/Basicos/French/m.femme.htm Consulté le 12 août 2022.

GREVIO (2022). 3ème Rapport général sur les activités du GREVIO. Repéré à https://www.coe.int/fr/web/istanbul-convention/-/3rd-general-report-on-grevio-s-activities Consulté le 14 juin 2022.

MESECVI & the Special Rapporteur on Violence against Women and Girls of the United Nations (12 août 2022). The Committee of Experts of the MESECVI and the Special Rapporteur on Violence against Women and Girls of the United Nations express their concern about the illegitimate use of the concept of parental alienation syndrome against women. Repéré à https://belemdopara.org/wp-content/uploads/2022/08/Communique-Parental-Alienation.pdf Consulté le 12 août 2022.

Lando, Sandra (2015). La Perspective de Genre dans la Jurisprudence Interamericaine en Application de la Convention Belem Do Para. Revue québécoise de droit international/Quebec Journal of International Law/Revista quebequense de derecho internacional, 28(2), 81-111.

Résolution du Parlement européen du 6 octobre 2021 sur les conséquences des violences conjugales et des droits de garde sur les femmes et les enfants. Repéré à https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2021-0406_FR.html Consulté le 6 octobre 2021.

Gwénola Sueur, Réseau International des Mères en Lutte, 24 août 2022

Pour citer cet article :

Sueur, G. (24 août 2022). Rejet de la notion d’ « aliénation parentale » par les expert-es du MESECVI, Réseau International des Mères en Lutte. Repéré à https://reseauiml.wordpress.com/2022/08/24/rejet-de-la-notion-d-alienation-parentale-par-les-expert-es-du-mesecvi/ [billet de blog].

Maj : 10 décembre 2022

Le Conseil fédéral du service social brésilien (CFESS) s’est positionné par rapport à la loi Aliénation Parentale (12.318/2010). Le CFESS est un organisme publique fédérale qui a pour attribution d’orienter, de discipliner, de réguler, de superviser et de défendre l’exercice professionnel des travailleurs sociaux au Brésil, conjointement avec les Conseils régionaux du service social (CRESS). Son positionnement fait suite à une réunion en février 2022 qui a mis en évidence les conséquences dans les domaines scientifiques, juridiques, politiques et sociaux de la loi 12.318/2010. Une note technique de 30 pages informe désormais les travailleurs sociaux et les invite à ne plus utiliser cette notion. Le CFESS demande également en conclusion de la note (page 27) l’abrogation de la loi 12.318/2010.

Tweet du 8 décembre 2022 du CFESS – Conselho Federal de Servico Social









ressources, violences conjugales

La Bourgogne-Franche-Comté : ressources violences conjugales

Région Bourgogne-Franche-Comté. Source de la carte ici.

[ traduction ici ]

La Bourgogne-Franche-Comté comprend huit départements : Côte-d’Or (21), Doubs (25), Jura (39), Nièvre (58), Haute-Saône (70), Saône-et-Loire (71) Yonne (89) et le Territoire de Belfort (90). Au 1er janvier 2018, 1,5 million de personnes résident dans l’espace rural de la Bourgogne-Franche-Comté, soit plus de la moitié des habitants de la région.

Vous trouverez ci-dessous les ressources destinées aux victimes de violences, notamment les violences conjugales. Elles sont classées par département. Pour des raisons de sécurité nous n’indiquons pas systématiquement les adresses. Nous mettrons à jour ces informations.

Côtes-d’Or (21)

Solidarité Femmes 21 : l’association est née en 1982 à Dijon. Solidarité Femmes 21 a pour objet la lutte contre toutes les violences faites aux femmes. L’association assure 13 permanences sur le département.

Tel : 03.80.67.17.89 | Courriel : solidaritefemmes21 @outlook.fr | Site internet ici.

CIDFF 21 : Les CIDFF ont pour mission de favoriser l’autonomie de la femme et de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. L’association assure des permanences dans tout le département (Quetigny, Châtillon-sur-Seine, Chenove, Dijon, Genlis , Is-sur-Tille, Longvic, Marsannay-la-Côte, Quetigny, Saint-Jean-de-Losne, Semur-en-Auxois, Seurre, Talant).

Tel : 03 80 48 90 28 | Courriel : secretariat.cidff21@hotmail.fr | Site internet ici.

France Victimes 21 : France Victimes 21 accueille les victimes grâce à plusieurs permanences sur le territoire.

Cité judiciaire, 13 Bd Clémenceau, 21 033 Dijon

Tel : 03 80 70 45 81 | Courriel : francevictimes21@gmail.com | Site internet ici.

Doubs (25)

Solidarité femmes Besançon : accueil, écoute, accompagnement, suivi, hébergement. Des permanences décentralisées ont également lieu à Baume les Dames, Valdahon, Pontarlier et Morteau.

Tel : 03 81 81 03 90 | Courriel : chrs@solidaritefemmes25.org | Site internet ici.

CIDFF 25 : l’association assure des permanences sur le département. Vous trouverez la liste ici.

Tel : 03 81 25 66 69 | Courriel : contact.cidff25@gmail.com | Site internet ici.

France victime Besançon, AAVI :

Tel : 03 81 83 03 19 | Mail : info@aavi25.org | Site internet ici.

Centre de Planification et d’Éducation Familiale (CPEF) Santé sexuelle-IVG-Contraception Besançon

Tel : 03 81 83 34 73 | Courriel : Coordinationanimation.cics@gmail.com | Site internet ici.

Jura (39)

Femmes Debout (Dole)

Tel : 06 75 93 17 58 | Courriel : contact@femmesdebout.org | Site internet ici.

CIDFF du Jura : l’association assure plusieurs permanences en plus de Lons-le-Saunier. Vous trouverez la liste ici.

Tel : 03 84 43 10 95 | Courriel : cidff.39@orange.fr | Site internet ici.

France Victimes JURAVEM : aide aux victimes à Lons-le-Saunier

Tel : 03 84 47 50 54 | Courriel : juravem@gmail.com ou francevictime39@gmail.com

Nièvre (58)

CIDFF 58 : l’association assure des permanences à Nevers et dans d’autres communes, liste ici.

Tel : 03 45 52 31 14 ou 06 61 06 06 98 | Courriel : cidff58@gmail.com | Site internet ici.

France victimes 58 – ANDAVI : aide aux victimes

Tel : 03 86 36 67 83 | Courriel : contact@francevictimes58.fr | Site internet ici.

AFED 58 : Santé sexuelle-IVG-Contraception – Nevers

Tel : 03 86 59 38 58 | Courriel: afed58@orange.fr | Site internet ici.

DECID’L Nevers – accueil, information,écoute, accompagnement des femmes victimes

Tel : 03 58 07 54 67 | Courriel : decidl@sfr.fr

Haute-Saône (70)

CIDFF 70 Vesoul

Des permanences ont lieu dans tout le département, liste ici.

Tel : 03 84 76 32 38 | Courriel : cidff70-secretariat@laposte.net | Site internet ici.

France Victimes 70 : aide aux victimes Vesoul

Tel : 03 84 78 18 44 ou 09 70 19 52 52 | Courriel : contact@aiavi.fr | Site internet ici.

Saône-et-Loire (71)

PEP71/L’ECLUSE (Solidarité Femmes) : hébergement, accueil, écoute, suivi, accompagnement

Tel : 03.85.43.86.02 | Courriel : chrs.lecluse@pep71.org | Site internet ici.

CIDFF 71 : des permanences sont assurées à dans tout le département. Vous trouverez la liste ici.

Chalon-sur-Saone 9 rue philibert Léon Couturier

Tel : 03 85 32 42 01 | Courriel : cidff71@orange.fr | Site internet ici.

France Victimes 71 : aide aux victimes

Tel : 03 84 78 18 44 ou 09 70 19 52 52 | Courriel : contact@aiavi.fr | Site internet ici.

Planning familial : Santé sexuelle-IVG-Contraception Chalon-sur-Saône

Tel : 03 85 93 01 84 | Courriel : planningfamilial71@orange.fr | Site internet ici.

Amavip 71 : Association de Médiation et d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales Macon

Tel : 03 85 21 90 84 | Courriel : amavip.macon@wanadoo.fr | Site internet ici.

Yonne (89)

CIDFF : des permanences sont assurées à Auxerre et dans tout le département, vous trouverez la liste ici.

29B Boulevard Vaulabelle 89000 AUXERRE

Tel : 03 45 02 72 72 | Courriel : accueil@cidff89.fr | Site intranet : ici.

ADAVIRS : Association d’aide aux victimes

Pl. du Palais de Justice, 89000 Auxerre

Tel : 03 86 51 66 14 | Courriel : adavirs@free.fr | Site internet ici.

Territoire de Belfort (90)

Solidarité Femmes 90 : accueil, écoute, accompagnement Belfort

Tel : 03 84 28 99 09 | Courriel : solidarite-femmes@wanadoo.fr | Site internet ici.

CIDFF du Territoire de Belfort. Des permanences ont lieu à Beaucourt, Belfort, Delle, Offemont.

Tél. 03 84 28 00 24 | Courriel : cidf-belfort@wanadoo.fr | Site internet ici.

France Victimes 90 Belfort

Tel : 09 70 19 52 52 | Site internet ici.

Le Réseau International des Mères en Lutte

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Les conséquences de l’usage de l’aliénation parentale en Espagne

[pour accéder à la traduction cliquer ici ]

Extrait du courrier adressé à l’État espagnol – 24 novembre 2021

En Europe plusieurs institutions alertent concernant l’usage de la pseudo-théorie de l’aliénation parentale. Nous vous proposons de faire le point.

En ce qui concerne les conséquences de l’usage de la notion pour les victimes de violences, des courriers des Nations Unies furent envoyés, à plusieurs reprises, à l’État Espagnol.

« Les tribunaux espagnols doivent protéger les enfants contre la violence domestique et les abus sexuels, affirment les experts de l’ONU »

Le 9 décembre 2021 huit expert-es des Nations Unies publient un document sur leur site web. Les expert-es font le constat que les enfants sont exposés à la violence conjugale et aux abus sexuels en raison d’un système judiciaire qui ne parvient pas à les protéger des pères violents.

Ces expert-es sont : Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Melissa Upreti (présidente), Dorothy Estrada Tanck (vice-présidente), Elizabeth Broderick, Ivana Radačić et Meskerem Geset Techane, membres du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit à la santé physique et mentale et Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Nous déposions le 11 décembre 2021 une rapide traduction de ce document sur les réseaux sociaux :

Réseau International des mères en lutte – Facebook – 11 décembre 2021

Ce courrier vient également d’être souligné par la Docteure Catherine Bonnet et le Docteur Jean-Louis Chabernaud dans la mise à jour de leur pétition, que nous vous invitons à lire.

Les expert-es des Nations Unies suivent la situation espagnole depuis près de dix ans et continuent ainsi d’être informé-es de nouveaux cas de mères qui perdent la résidence de leurs enfants au profit de pères violents.

Réseau International des mères en lutte- Tweeter – 29 mai 2021

Le document revient sur l’usage de l’aliénation parentale dans les situations de violences. Il stipule en effet que « si le concept d’aliénation parentale est théoriquement neutre du point de vue du genre, les recherches menées en Espagne et les avis des experts qui suivent la question ont démontré que dans un certain nombre de pays, dont l’Espagne, des mères ont été régulièrement accusées de recourir à l' »aliénation parentale », en accusant à tort les pères de leurs enfants de commettre des abus sur les enfants dans le cadre de litiges relatifs à la garde ».

Par ailleurs les rapportrices et rapporteurs de l’ONU se montrent particulièrement préoccupé-es par la situation d’une mère et de sa fille.

Le courrier des quatre rapporteurs des Nations Unis du 24 novembre 2021

La communication envoyée le 24 novembre 2021 au gouvernement espagnol par les quatre rapporteurs spéciaux sur la situation de Mme Diana García et de sa fille, dans laquelle l’influence de la théorie de l’aliénation parentale est notée, est rendue publique et annoncée sur Twitter le 26 janvier 2022 par Reem Alsalem.

Reem Alsalem – Tweeter – 26 janvier 2022

Ce courrier de 7 pages, auquel s’ajoutent 7 pages d’annexes est rédigé par Tlaleng Mofokeng, Rapporteuse spéciale sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences et Melissa Upreti, Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles.

Diana García et sa fille

Diana García est une victime de violences conjugales. Elle rencontre monsieur en 2006, un enfant va naître en 2015, une petite fille. Le courrier relate les violences et le contrôle coercitif exercés par son ex-partenaire intime (page 1) ainsi que des menaces de mort. Elle a ensuite dénoncé son ex-partenaire, dont elle s’est séparée en 2019, pour avoir abusé sexuellement l’enfant. L’école de l’enfant a signalé en février 2019 les propos de l’enfant. Diverses évaluations médicales et psychologiques au cours des dernières années ont corroboré, d’après les rapporteurs des Nations Unis, la véracité du récit de l’enfant (page 3).

Malgré toutes ces indications, le 12 mars 2021, le tribunal de Pozuelo a clos l’enquête pénale, déclarant que le récit de l’enfant n’était pas plausible (page 3). Les rapports établis par l’équipe psychosociale attachée au tribunal et par la Guardia Civil, ont indiqué que la jeune fille avait donné un témoignage « incohérent et inconsistant » (page 4). Pour cette raison, le jugement de divorce, rendu en juillet 2021, bien qu’il reconnaisse les antécédents de violence sexiste à l’encontre de Mme García, accorde la garde de l’enfant au père et a établi un régime de visite pour la mère au motif que « la mère ferait obstacle aux contacts père-fille, ce qui serait contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant » (page 4).

Les quatre rapporteurs se déclarent « profondément préoccupés par l’intégrité physique et mentale de la mère et de la fillette » (page 4) et par ce qui « semble refléter des tendances plus larges dans le système judiciaire espagnol » qui indiqueraient une interprétation discriminatoire de la loi par les opérateurs juridiques et des travailleurs sociaux « basée sur des préjugés et des stéréotypes de genre » (page 4). Les rapporteurs constatent en effet un « schéma structurel » dans le système judiciaire espagnol qui ne protège pas les enfants et discrimine les femmes.

L’aliénation parentale

La lettre rappelle par ailleurs que la situation de Diana García n’est pas un cas isolé. En effet les Nations Unies ont demandé au gouvernement espagnol des explications sur l’utilisation des stéréotypes de genre dans le système judiciaire et plus particulièrement sur l’utilisation généralisée du syndrome d’aliénation parentale à de nombreuses reprises (page 4).

Les quatre rapporteurs soulignent ainsi que « le raisonnement fondé sur la logique du prétendu syndrome d’aliénation parentale continuerait en pratique à être appliqué dans les décisions judiciaires, punissant les mères qui sont perçues comme empêchant le contact entre les parents et leurs enfants » malgré l’interdiction d’en faire usage depuis la Loi organique 8/2021 sur la protection des enfants et des adolescents contre la violence de juin 2021 (page 4-5).

Les rapporteurs des Nations Unies évoquent les tendances des professionnel-les des tribunaux de la famille à privilégier la coparentalité au détriment de la sécurité des victimes. Pour les rapporteurs ces pratiques affectent « également les résultats des décisions judiciaires, appliquant souvent la logique de l’aliénation parentale dans leur analyse sans la nommer » (page 5). Nous soulignons que la recherche empirique commence à permettre d’appuyer ces inquiétudes.

En Espagne la chercheuse Glòria Casas Vila, citée dans le courrier, montre ainsi à partir de son corpus de thèse que « plusieurs femmes ont été accusées de manipuler les enfants qui ne voulaient pas voir leur père » (Casas Vila, 2019, p. 6). En analysant la jurisprudence et les statistiques judiciaires, la chercheuse conclut en 2019 que les droits des enfants « sont souvent bafoués, subordonnés à ceux de leur père (autorité parentale, droit de garde ou de visite) » (Casas Vila, 2019, p. 8-9).

Le gouvernement espagnol considère néanmoins dans une réponse de 24 pages , adressée au Secrétariat des Nations Unis le 27 janvier 2022, qu’il ne partage pas cette conclusion dans la mesure où il considère qu’il s’agirait de cas isolés (page 22).

Bibliographie :

Casas Vila, G. (2018). Violences machistes et médiation familiale en Catalogne et en Espagne  : enjeux de la mise en œuvre d’un cadre légal d’inspiration féministe [thèse de doctorat en sciences sociales]. Lausanne, Suisse.

Casas Vila, G. (2019). Parental Alienation Syndrome in Spain: opposed by the Government but accepted in the Courts. Journal of Social Welfare and Family Law, 42(1), 45‑55.

Koham M. (2022). La ONU pide explicaciones a España por usar el Síndrome de Alienación Parental y desproteger a una madre y su hija. Publico.

Le Réseau International des Mères en Lutte

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Colloque international sur les violences post-séparation : « L’impossible rupture »

Gwénola Sueur, Co-fondatrice du Réseau International des Mères en Lutte / Photographie Simon Lapierre

[pour accéder à la traduction – for translate : cliquer ici ]

Un colloque international sur les violences post-séparation en Belgique

La maison d’accueil pour femmes Solidarité Femmes de La Louvière, en Belgique, a fêté ses 40 ans en octobre 2019. À cette occasion fut organisé un colloque international intitulé « L’impossible rupture » les 15 et 16 octobre 2019.

Invité.e.s par Solidarité Femmes nous y sommes intervenu.e.s. Nous avions publié, en septembre 2019, un article : Contrôler les femmes après la séparation ou « l’impossible rupture ». Nous y annoncions cette conférence et présentions des informations sur le contexte belge, ainsi que l’étude d’Emmanuelle Mélan. Emmanuelle Mélan, criminologue, a réalisé des entretiens auprès de femmes. Elle a  complété ses entretiens par un questionnaire. 79 % des femmes sondées déclarent alors encore subir des violences après une séparation, celles-ci pouvant remonter à plus de 5 ans.

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L’impossible rupture. Clés de lecture et chiffres pour penser la sécurité des femmes et enfants dans un contexte de violences conjugales post-séparation, Emmanuelle Mélan

« Les violences conjugales post-séparation affectent un nombre important de femmes et d’enfants et la séparation représente un risque accru de dangerosité  » . Or, les conférences sur les violences après la séparation restent rares. Non seulement peu de chercheur.e.s travaillent sur cette problématique, encore moins avec une analyse féministe. Par ailleurs les médias s’intéressent peu à ces sujets et persistent à ignorer les recherches en cours. Alors que les expertes du Grevio invitent à former l’ensemble des intervenant.e.s auprès des victimes au mécanisme des violences après la séparation, peu de structures offrent des modules de formation, alliant rigueur scientifique et prise en compte de l’expérience des survivant.e.s.

En octobre 2015, l’Université des Femmes de Bruxelles avait abordé cette thématique, en proposant une journée d’étude sur le continuum des violences patriarcales le 14 octobre 2015.

Le continuum des violences patriarcales, 14 octobre 2015, Bruxelles / Photographie Université des Femmes de Bruxelles

Au Canada le collectif de recherche FemAnVi avait organisé une conférence internationale intitulée « Perspective internationale sur la violence post-séparation » les 11 et 12 avril 2017 à Ottawa. Des expert.e.s de plusieurs pays s’étaient réuni.e.s afin de réfléchir à la manière de protéger les femmes et les enfants vivant dans un contexte de violence post-séparation. Les constats de l’ensemble des intervenant.e.s se recoupaient et mettaient en avant la négation des violences après la séparation.

La situation française et la complicité institutionnelle avec l’agresseur furent présentées par Pierre-Guillaume Prigent et Gwénola Sueur : « Les mères séparées et leurs enfants face à la stratégie des agresseurs et à la complicité institutionnelle en France« . Illes se sont appuyés sur leur travail de recherche et leur soutien auprès de mères séparées et divorcées.

Plan de leur communication

  • Stratégies des agresseurs (stratégies discursives et législatives des groupes de pères séparées et divorcés en France)
  • Discours masculinistes et lobbying : quels bénéfices pour les hommes violents ?
  • État des lieux des violences post-séparation en France (constats des associations, présentation d’une étude de cas avec le récit d’une mère protectrice accusée d’aliénation parentale)
  • Pistes de réflexion (contrer les discours antiféministes, préconisations françaises)

« L’impossible rupture ». Penser la sécurité des femmes et des enfants en contexte de violences conjugales post-séparation

Patrizia Romito et Édouard Durand / Photographie RIML

Simon Lapierre / Photographie RIML

Pierre-Guillaume Prigent / Photographie RIML

Les 15 et 16 octobre 2019 plus de 300 personnes ont assisté à ces deux journées exceptionnelles : c’est la première fois en Belgique qu’était organisée une conférence d’une telle ampleur. La conférence fut filmée, une partie des interventions sont désormais en ligne. Nous vous invitons à les découvrir.

Allocutions de : Josiane Coruzzi – Jacques Gobert – Christie Morreale – Nathalie Vandenplas

Josiane Coruzzi

Emmanuelle Mélan

Patrizia Romito

Simon Lapierre

Gwénola Sueur

Pierre-Guillaume Prigent

Mots clés : contrôle coercitif – violences post-séparation – stratégie des pères violents – complicité institutionnelle – instrumentalisation des institutions et de la loi – tribunaux de la famille – aliénation parentale

Denise Tremblay et Louise Riendeau

Caroline Mommer et Caroline Prudhon

Jean-Louis Simoens et Cécile Kowal

Suite à ce colloque la revue L’Observatoire a consacré un numéro spécial aux violences après la séparation. Ce dossier présente « les analyses de plusieurs des intervenants de ce colloque. Démontrant le continuum des violences conjugales au-delà de la séparation, ceux-ci expliquent les stratégies mises en place par les auteurs pour garder leur emprise sur leur ex-partenaire, la manière dont ils utilisent à cette fin leur droit de parent et instrumentalisent leurs enfants ; enfin, ils pointent les idéologies, les valeurs, voire les mythes, tel celui du syndrome d’aliénation parentale, qui persistent et continuent à influer sur les représentations de nombre d’acteurs gravitant autour de ces situations : services psychosociaux, justice, police, … ».

Nous remercions l’équipe de Solidarité Femmes de nous avoir convié.e.s à participer à ce colloque et de leur accueil particulièrement chaleureux à La Louvière.

Le Réseau International des Mères en Lutte

[maj : les conférences et allocutions sont considérées dans le droit français comme des oeuvres de l’esprit. Nous vous prions de citer correctement les intervenant-es qui ont présenté une communication le 15 et 16 octobre 2019. Par ailleurs les articles publiés dans la Revue l’Observatoire ne sont pas une retranscription des communications]

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World Health Organization removes parental alienation from its classification index

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Update of September 20, 2020: since September 2020, the withdrawal of any mention of parental alienation from the International Classification of Diseases (ICD-11) is validated. Indeed, the official version, blue, has just been updated, and no longer makes any reference to this term, as shown in this screenshot.

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Original article :

On 15 February 2020, the WHO declared that it had removed this pseudo-scientific concept from its index and classification (temporary version, orange).

The Italian members of the Facebook group PAS: informazioni e disinformazione were the first to spread the information. They spotted a comment from a WHO team, Team3 WHO, on the page of the Classification devoted to Psychological maltreatment, in response to a remark reminding that parental alienation has no scientific basis.

Team3 WHO declares:

Parental alienation has been removed from the ICD-11 classification as it is a judicial term and issue. Its inclusion for coding purposes in the ICD-11 will not contribute to valid or meaningful health statistics.

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Indeed, when we search, after logging on the site, for the parental expression alienation in the Classification, or when we consult the Caregiver-child relationship problem entry, the expression no longer appears.

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This information is an opportunity to review recent events.

In November 2019, William Bernet, President of the Parental Alienation Study Group, one of the most motivated promoters of parental alienation, reported in a newsletter, translated and distributed in France by ACALPA, on the positioning of the WHO’s Medical and Scientific Advisory Committee (MSAC). This Advisory Committee reminded us of what we already knew: the presence of a notion in the index of the Classification does not imply official recognition by the WHO. A definition of parental alienation, in the index entry only, has appeared in the meantime, which could have led to a future recognition of this pseudo-theory by the WHO.

On 29 October 2019, the discussions seemed to be closed and the lack of a clear position from WHO was causing confusion. Indeed, the mere presence of this notion, wherever it is in the Classification, would favour its instrumentalization by its promoters and its use by violent men in family courts, as recalled in the Collective Memo of Concern to: World Health Organization about « Parental Alienation ».

We invite any person, activist, journalist, researcher to disseminate this information and to ask those who persist in claiming that WHO has recognized parental alienation to publish a correction. We also urge legislators to be careful not to insert into the law concepts that have no scientific basis.

Le Réseau International des Mères en Lutte
International Network of Activist Mothers
Updated the September 20, 2020

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L’Organisation Mondiale de la Santé supprime l’aliénation parentale de l’index de sa classification

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Mise à jour du 20 septembre 2020 : depuis septembre 2020, le retrait de toute mention de l’aliénation parentale de la Classification Internationale des Maladies (CIM-11) est validé. En effet, la version officielle, bleue, vient d’être mise à jour, et ne fait plus du tout référence à ce terme, comme le montre cette capture d’écran.

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Article original :

Dans un précédent article nous clarifions la position de l’Organisation Mondiale de la Santé : « non, l’Organisation Mondiale de la Santé n’a pas reconnu l’aliénation parentale« . L’expression était seulement présente dans l’index de sa Classification Internationale des Maladies 11 (CIM ou ICD-11).

Le 15 février 2020, l’OMS déclare avoir supprimé de son index et de sa classification (version provisoire, orange) cette notion pseudo-scientifique.

Ce sont les italiennes du groupe Facebook PAS: informazioni e disinformazione qui sont les premières à avoir diffusé l’information. Elles ont repéré un commentaire d’une équipe de l’OMS, Team3 WHO, sur la page de la Classification consacrée à la maltraitance psychologique (Psychological maltreatment), en réponse à une remarque rappelant que l’aliénation parentale n’avait pas de fondements scientifiques.

Team3 WHO déclare ainsi  :

L’aliénation parentale a été retirée de la classification de la CIM-11 car il s’agit d’un terme et d’une question d’ordre juridique. Son inclusion à des fins de codification dans la CIM-11 ne contribuera pas à l’établissement de statistiques sanitaires valables ou significatives.

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En effet, lorsque nous recherchons, après connexion sur le site, l’expression parental alienation dans la Classification, ou bien lorsque nous consultons l’entrée Caregiver-child relationship problem, l’expression n’apparaît plus.

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Cette information est l’occasion de revenir sur les évènements récents.

Suite à l’indexation de la notion par l’OMS, ses partisan.e.s ont bien évidemment lancé aussitôt une campagne de désinformation. En août 2019, en France, suite à notre demande, le journal La Voix du Nord publiait un article rectifiant ces désinformations et rappelant que l’OMS n’avait pas reconnu l’aliénation parentale.

Puis en novembre 2019, William Bernet, président du Parental Alienation Study Group, l’un des promoteurs les plus motivés de l’aliénation parentale, faisait état dans une newsletter, traduite et diffusée en France par l’ACALPA, du positionnement du Comité Consultatif Médical et Scientifique (MSAC) de l’OMS. Ce Comité Consultatif rappelait notamment ce que nous savions déjà : la présence d’une notion dans l’index de la Classification n’implique pas de reconnaissance officielle de la part de l’OMS. Une définition de l’aliénation parentale, dans l’entrée d’index uniquement, est apparue entre temps, ce qui aurait pu laisser croire à une prochaine reconnaissance de cette pseudo-théorie par l’OMS.

Le 29 octobre 2019, les discussions semblaient closes et l’absence de prise de position claire de la part de l’OMS entretenait la confusion. En effet la simple présence de cette notion, où qu’elle soit dans la Classification, favoriserait son instrumentalisation par ses promoteurs et son usage par des hommes violents dans les tribunaux de la famille, comme rappelé dans le Collective Memo of Concern to: World Health Organization about « Parental Alienation ».

Nous invitons  toute personne, militant.e, journaliste, chercheur.e à diffuser cette information et à demander aux personnes qui persistent à affirmer que l’OMS a reconnu l’aliénation parentale de publier un correctif. Nous invitons également les législateur.ice.s à veiller à ne pas insérer dans la loi des notions sans fondements scientifiques.

Le Réseau International des Mères en Lutte
Article mis à jour le 20 septembre 2020

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Mise en garde contre l’usage de l’ « aliénation parentale » en Espagne et au Canada

Consejo

[Pour traduire – for translate : ici]

Des travailleuses et travailleurs socio-judiciaires, en Espagne et au Canada, se sont positionné.e.s clairement, en janvier et février 2020, contre l’usage du « Syndrome d’Aliénation Parentale ».

  • En Espagne, El Consejo General del Trabajo Social publie le 27 janvier 2020 une note d’information (un décalogue) au sujet de l’usage du « Syndrome d’Aliénation Parentale ».

El Conjejo Genral del Trabajo Social est l’organe de représentation, de coordination et d’exécution de 36 collèges officiels du travail social en Espagne, qui comptent près de 40 000 membres. Il est chargé, entre autres, de réglementer l’exercice professionnel des travailleuses et travailleurs  sociaux, d’assurer le prestige de la profession et d’exiger des associations du travail social et de leurs membres qu’illes respectent leurs obligations déontologiques.

Conformément à la demande de la Résolution Européenne 2016/2575 (RSP), concernant le rôle des Services Sociaux dans la protection des mineurs, El Consejo General del Trabajo Social a fait une déclaration officielle sur le « Syndrome d’Aliénation Parentale » (SAP).

Dans la note d’information du 27 janvier 2020 cette organisme décrit le SAP comme un « faux syndrome » qui « a l’apparence d’être scientifique, mais ne l’est pas ». Il dénonce par ailleurs son « application aveugle » qui entraîne de « graves conséquences » dans des décisions portant sur la résidence des enfants. Les accusations implicites sont également prises en compte et dénoncées dans ce décalogue (aliénation parentale, inquiétude morbide, instrumentalisation des mineurs dans des contextes de conflit parental, conflits parentaux, manipulation du parent, etc…).

  • À Madrid, toujours en Espagne, des expert.e.s dans les domaines de la justice, de la psychologie et des droits de l’enfant ont appelé à leur tour le 7 février 2020 à mettre fin à l’utilisation du « Syndrome d’aliénation parentale » pour déterminer la garde des mineurs.

C’est l’une des  principales conclusions de la Journée d’analyse multidisciplinaire du syndrome dit d’ « aliénation parentale », organisée par l’Association des femmes juges d’Espagne, en collaboration avec l’Institut de la Femme et qui s’est tenue à Madrid. Cette conférence, qui est en ligne, a montré qu’aucune société ou association scientifique ne reconnaît l’existence du « Syndrome d’Aliénation Parentale ». Il est pourtant encore principalement utilisé pour retirer la résidence des enfants aux mères parce que l’on considère qu’elles manipulent les enfants. Les expert.e.s demandent de renverser ces situations avec une formation spécifique pour les actrices et acteurs judiciaires et médico-légaux. [maj : 17 mars 2010 : les conclusions de cette conférence sont accessibles en ligne]

  • Au Canada, l’ Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF), un regroupement d’organismes ontariens, féministes et francophones qui travaillent à défaire l’oppression vécue par les femmes, met en ligne le 24 janvier 2020 un communiqué de presse particulièrement argumenté.

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En effet, cet organisme constate que, depuis plusieurs années, l’usage de cette pseudo-théorie préoccupait les féministes et les intervenantes de maisons d’hébergement pour femmes et enfants, aux prises avec la violence conjugale.

Aussi, prenant en considération les impacts importants que ce concept provoquait sur la sécurité des femmes et enfants, l’ AOcVF, aux côtés de chercheuses et d’intervenantes, a souhaité dénoncer très clairement  l’utilisation de l’ « aliénation parentale » par le secteur social et judiciaire.

La méconnaissance des violences après la séparation et la mobilisation de notions floues sans fondement scientifique favorisent la confusion.

L ‘AOcVF  souligne ainsi :

On remarque aussi que le terme aliénation parentale est parfois utilisé pour décrire les comportements de l’ex-conjoint violent. En effet, dans un contexte de séparation, celui-ci aura fréquemment recours au dénigrement de la mère ou à la manipulation de l’enfant (Rinfret-Raynor, 2008). Ces comportements peuvent être compris comme étant des comportements d’aliénation parentale. Ainsi, le concept est aussi utilisé par des intervenantes de maisons d’hébergement pour expliquer les comportements du père. Cependant, dans cette situation précise de violences conjugales, il vaudrait mieux mobiliser la notion du contrôle coercitif. Le concept de contrôle coercitif, développé par Evan Stark (2007), fournit des pistes de compréhension plus approfondies des schémas de comportements de violence et de leurs impacts, notamment sur les enfants. Il offre une approche de compréhension du vécu de l’enfant aux prises avec la violence conjugale et permet ainsi de mieux réfléchir à des pistes d’intervention centrées sur sa sécurité et son bien-être en contexte post-séparation.

L’Action ontarienne contre les violences faites aux femmes,  en conclusion de son communiqué de presse, auquel nous adhérons étant donné nos formations et nos prises de position,  invite à une meilleure compréhension de la violence conjugale, notamment après la séparation :

Il est donc nécessaire de continuer à se mobiliser pour que la notion d’aliénation parentale ne soit plus utilisée par les intervenants sociaux et judiciaires au détriment des femmes et des enfants aux prises avec la violence conjugale. Il est aussi nécessaire qu’ils comprennent mieux le phénomène de la violence post-séparation et du contrôle coercitif pour mieux assurer la sécurité des femmes et des enfants.

Le Réseau International des Mères en Lutte

aliénation parentale, conférence internationale, contrôle coercitif, international, violences conjugales, violences post-séparation

Les stratégies des hommes pour maintenir le contrôle après la séparation / ECDV

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[Pour le traduction multi-langue cliquer ici]

En septembre 2019, nos co-fondateur.ice.s ont assisté (et présenté une communication) à l’European Conference On Domestic Violence (ECDV) à Oslo, en Norvège. L’ECDV est conçue pour les chercheur.e.s, les praticien.ne.s et les décideur.euse.s politiques. La conférence se concentre sur la compréhension de la violence domestique, la prévention et les interventions, la politique. Les deux précédentes conférences européennes eurent lieu à Belfast en 2015, puis à Porto en 2017. Des membres de notre structure avaient déjà assisté à l’ECDV à Porto, en 2017, pendant une semaine. Un comité scientifique, après un appel à communication, sélectionne les interventions qui seront présentées lors de chaque conférence européenne.

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Présentation de l’ECDV à Oslo par Carolina Øverlien, NKVTS, 2 septembre 2019.

Lors de cette troisième ECDV qui eut lieu du 1er au 4 septembre, de nombreuses communications furent consacrées aux violences après la séparation :

Un focus fut porté sur le blâme envers les mères dans les tribunaux de la famille ou dans le cadre de la médiation familiale, et sur leur pathologisation avec l’usage du syndrome d’aliénation parentale. La difficulté des mères à protéger leurs enfants, après la séparation, fut également mise en avant.

L’étude intitulée « Using Children to Strike Mothers After Separation : Fathers’ Strategies for Maintaining Control » de Mariachiara Feresin, Federica Bastiani et Patrizia Romito, de l’Université de  Trieste en Italie, fut présentée par l’intermédiaire d’un poster détaillé.

Un article reprenant les résultats avait précédemment été publié en juin 2019 sous le  titre « The Involvement of Children in Postseparation Intimate Partner Violence in Italy: A Strategy to Maintain Coercive Control? »

Le but de cette étude était d’analyser les stratégies des agresseurs pour maintenir le contrôle sur leur femme, après la séparation, ainsi que l’implication des enfants dans ce processus.

La violence à l’égard des femmes se poursuit souvent après la séparation. L’implication des enfants dans la violence conjugale est désormais mieux connue, néanmoins aucune étude n’avait jusqu’à lors examiné la place des enfants dans la violence, après la séparation, en Europe du Sud.

Les chercheuses ont réalisé une étude quantitative en deux temps, à 18 mois d’intervalles, en interrogeant par questionnaire des femmes dans 5 centres anti-violence du Nord de l’Italie (151 + 91). 15 % de ces femmes n’ont pas d’enfant. Elles ont également réalisé une étude qualitative à l’aide d’entretiens auprès de 13 femmes, dans ces mêmes centres.

Les résultats des deux études ont montré que les femmes subissaient des niveaux élevés de violence et que les enfants étaient très impliqués. Les femmes ayant des enfants, et qui ne vivaient plus avec le partenaire violent, subissaient des menaces, des violences, des formes de manipulation et des comportements de contrôle lors des contacts père-enfant.  78,9 % des femmes de l’enquête longitudinale et les 13 femmes de l’étude qualitative ont signalé au moins un de ces comportements.

L’étude qualitative a permis ensuite de découvrir certaines stratégies spécifiques aux auteurs de violences qui visent à maintenir un contrôle coercitif sur l’ex-partenaire :

  • il culpabilise
  • il  menace
  • il dénigre et discrédite
  • il appauvrit
  • il empêche son ex-femme ou conjointe de mener une vie normale
  • il tente de détruire le lien mère-enfant

L’étude montre que 70, 1% des mères avaient peur que le père soit violent avec l’enfant. En outre la moitié des femmes (52 %) craignaient le transfert de résidence de l’enfant, le père violent étant dans la toute puissance puisque la violence post-séparation reste mal identifiée par les services socio-judiciaires.

Les résultats de cette étude ont permis de mieux comprendre les mécanismes du contrôle coercitif et de la violence après la séparation ainsi que la manière dont les auteurs de violences utilisent les enfants pour atteindre leurs objectifs.

Les chercheuses recommandent aux professionnels qui s’occupent de ces questions dans les secteurs socio-judiciaires d’accorder plus d’attention à la protection des femmes victimes de violence et de leurs enfants, et de garantir leurs droits.

Le Réseau International des Mères en Lutte

PS : Nous sommes flatté.es que notre travail soit traduit. Néanmoins pourriez-vous nous demander la permission avant d’effectuer toute traduction. Merci.

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Xavier Legrand : « En tant que citoyen, je me sens directement concerné par ce grave problème, et ce, d’autant plus parce que je suis un homme. »

Le blog de Manderley et d'Alex Vigne

Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Myriam demande la garde exclusive. La juge aux affaires familiales en charge du dossier accorde une garde partagée au père, ne sachant pas identifier le contrôle coercitif d’Antoine. Julien, leur petit garçon, va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive. Sorti le 7 février 2018 en France, le film de Xavier Legrand Jusqu’à la garde, nous fait vivre la réalité de la violence post-séparation. Sollicité pour répondre aux questions de Gwénola Sueur le réalisateur nous plonge au coeur du processus de création d’une oeuvre exceptionnelle.

Gwénola Sueur : Les violences conjugales post-séparation affectent un nombre important de femmes et d’enfants et la séparation représente un risque accru de dangerosité. Ainsi en 2017 en France 131 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, essentiellement par arme à feu. 13 enfants ont été tués…

Voir l’article original 3 405 mots de plus

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La responsabilité institutionnelle dans la mise en danger des enfants

Ferederiko

(extrait du power point de Patrizia Romito, photographie réalisée à Ottawa le 11 avril 2017)

[Pour accéder à la traduction automatique cliquer ici ]

Les violences conjugales post-séparation sont de la même nature que les violences conjugales. Selon  la Professeure italienne Patrizia Romito, « il s’agit d’un ensemble de comportements caractérisé par la volonté de domination et de contrôle d’un partenaire sur l’autre, qui peuvent inclure brutalités physiques et sexuelles, abus psychologiques, menaces, contrôles, grande jalousie, isolement de la femme ainsi que l’utilisation des enfants à ces fins ».

Elle précise que les motivations à ces violences peuvent être regroupées en trois catégories : les représailles et la vengeance, le rétablissement de la situation de pouvoir et de contrôle, la tentative de forcer une réconciliation qui permet le rétablissement du contrôle. Les violences conjugales post-séparation affectent un nombre important de femmes et d’enfants et la séparation représente un risque accru de dangerosité.

De fait une absence de repérage des situations à risques ainsi qu’une mauvaise décision en matière de justice aux affaires familiales peuvent avoir des conséquences dramatiques, allant du transfert de résidence des enfants chez le parent violent, aux meurtres des femmes et des enfants.

Les violences létales après la séparation : tuer les enfants pour punir la mère

En Grande-Bretagne, l’analyse par Hilary Saunders de la situation de 29 enfants qui ont été tués par leur père après la séparation montre que ces homicides avaient eu lieu dans un contexte de négociations très conflictuelles entre les parents pour la garde des enfants ou le droit de visite. Dans les 13 familles analysées, la quasi totalité des mères avaient subi des violences conjugales. Pourtant le tribunal les avait obligées à accepter des contacts entre le père et les enfants.

Au Canada, lors du colloque Perspectives internationales sur la violence post-séparation organisé par FemAnVi, les 11 et 12 avril 2017, Patrizia Romito a illustré la responsabilité institutionnelle dans ces meurtres. Elle est notamment revenue sur la mort de Federiko Barakat en Italie.

Le 25 février 2009, ce petit garçon de huit ans est tué par son père dans les locaux des services sociaux de San Donato Milanese. Suite à la séparation qui intervient après des violences conjugales, sa mère Antonella Penati cherche à mettre en sécurité l’enfant mais elle est accusée d’aliénation parentale. Des contacts sont alors ordonnés et mis en place pour rétablir le lien entre le père et l’enfant. Le père tue Federiko lors d’une visite supervisée avec une arme à feu, puis s’acharne sur l’enfant en le frappant de plusieurs coups de couteau, avant de se suicider.

En Espagne, sur une période de 7 années, 29 enfants ont été tués par leur père pour se venger de leur mère. Ces meurtres sont comptabilisés à partir de 2013, puisque ces victimes sont considérés comme des victimes de violence de genre dans les statistiques officielles.

Dans une récente interview, le professeur en médecine légale à l’université de Grenade , Miguel Lorente Acosta, revient sur le cas des enfants tués. Il déplore qu’une personne condamnée avec injonction contre son ex- femme ou ex-conjointe puisse encore continuer à avoir accès aux enfants. Puis il ajoute :

Un agresseur ne peut jamais être un bon père. Ils ont appris qu’il y a un moyen de faire encore plus de mal avec la mort des enfants.

Un père, Tomás Bretón, est condamné en juillet 2013 à 40 ans de prison pour le meurtre de ses deux enfants, Ruth (six ans) et José (deux ans). Il les tue en représailles à la demande de son épouse de se séparer. La mère des deux enfants, Ruth Ortiz, a témoigné afin d’obtenir du Parlement un consensus pour réformer la loi intégrale et inclure les mères des enfants tués comme victimes de violence sexiste. Elle analyse :

Les agresseurs savent ce qu’est le plus grand mal et le plus grand mal est de prendre la vie de vos enfants.

Il est à souligner que la Cour Suprême a condamné l’Espagne en 2018 a versé une indemnité de 600 000 euros à une mère, Ángela González, pour la responsabilité des autorités espagnoles à l’égard du décès de sa petite fille Andrea, âgée de sept ans. Elle a été assassinée par son père lors d’une visite non supervisée autorisée par un juge.

Aux États-Unis ce sont près de 700 enfants qui ont été tués par leurs parents au cours d’un divorce ou d’une séparation depuis 2008, selon le Center for Judicial Excellence, un organisme basé en Californie.

Les avocats d’une mère survivante, Hera McLeod , lors de la procédure de garde pour son petit garçon Prince, lui ont conseillé de faire attention à ce qu’elle disait au sujet du père de l’enfant, Joaquim Rams, et aux détails à divulguer au sujet de son comportement violent. La mère souhaitait une mise en sécurité suite aux nombreuses violences de cet homme. Le juge a pourtant estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves. Après avoir ordonné à Hera McLeod des visites supervisées entre le père et Prince, le juge décide de lui accorder des droits de visites non supervisés. C’est lors de la quatrième visite le 20 octobre 2012 que l’enfant est tué par son père. Prince était âgé de 15 mois.

Un article de Samantha Schmidt, publié le 29 juillet dans le Washington Post revient sur les filicides dont celui de Prince et de la petite Kyra Francheti, puis présente en exclusivité les derniers résultats de l’étude de Joan Meier. Car si ces infanticides semblent être des situations extrêmes, ils illustrent néanmoins la tendance des tribunaux de la famille à ne pas croire les mères lorsqu’elles demandent à être mise en sécurité avec leurs enfants.

L’étude de Joan Meier

L’étude inédite de l’Université George Washington réalisée par la professeure de droit Joan S. Meier, montre que les mères qui signalent des cas de violence – en particulier des violence faite aux enfants – perdent la garde de leurs enfants à une fréquence stupéfiante.

Dans un article de 2017, elle rend compte de l’analyse de  238 jugements entre 2002 à 2013 aux États-Unis. Ces jugements concernent la résidence d’enfants de parents séparés, et leur analyse apporte des éléments sur le lien entre aliénation parentale et violence. Dans cette étude, les accusations d’aliénation parentale conduisent les tribunaux à ne pas prendre en compte les preuves de violences paternelles envers les femmes et les enfants, à retirer des enfants aux parents (principalement les mères) qui veulent les protéger et à placer ou fixer leur résidence chez l’agresseur, même lorsque des juges reconnaissent l’existence de violences. Ainsi,  les femmes qui présentent des preuves de violence envers les enfants sont plus susceptibles d’en perdre la garde, que les femmes qui signalent uniquement de la violence conjugale. Les accusations d’aliénation parentale en réponse à ces dévoilements doublent pratiquement le taux de perte de résidence des enfants par les mères.

Dans une intervention de novembre 2018, Joan Meier et son équipe de recherche complètent les résultats. 4 338 jugements de 2005 à 2015 ont été analysés. Tous types de violences confondus (violence conjugales, violences contre les enfants, violences sexuelles contre les enfants), les accusations réalisées par les mères ne sont reconnues que dans 41 % des cas, et quand une accusation d’aliénation parentale est portée, dans 23 % des situations seulement. En outre ce sont les accusations de violences sexuelles sur les enfants qui sont les moins reconnues (15 %), et elles ne le sont presque jamais quand l’aliénation parentale est mobilisée par le père (2 %, 1 sur 51). Ainsi, lorsque l’aliénation parentale est utilisée par le père comme moyen de défense, la probabilité que le juge reconnaisse la violence est divisée par 2, et presque par 4 quand il s’agit de violence contre les enfants.

L’accusation d’aliénation parentale par les pères a également une incidence sur la résidence des enfants. En effet, lorsque la mère accuse le père de violence, la résidence est transférée chez lui dans 26 % des cas quand il ne se sert pas de l’aliénation parentale, et dans 44 % dans cas lorsqu’il mobilise ce pseudo-concept. Elle constate par ailleurs que même lorsque les violences sont reconnues, et que l’aliénation parentale est utilisée, la résidence est transférée dans 43 % des cas (6 sur 14).

Pour résumer, ces données « confirment les nombreux témoignages de femmes qui dénoncent l’ignorance par les tribunaux de la famille de la violence, ce qui met potentiellement les enfants en danger. Elle confirme également que les accusations d’aliénation sont efficaces pour occulter la violence ». L’étude comporte cependant deux limites principales : elle ne démontre pas que le rejet par les tribunaux des accusations de violences est erroné, mais seulement qu’il est répandu. De plus, l’étude est également axée sur les affaires en appel, qui peuvent présenter certaines différences avec les affaires en première instance.

Conclusion

Au Canada, des rapports et des recherches universitaires visent à identifier les situations à risques. Par exemple, en novembre 2012, un comité d’experts sur les homicides intrafamiliaux remet au ministre de la Santé et des Services sociaux et au ministre responsable des aînés un rapport proposant des recommandations. En 2014 la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes publie à son tour un document qui vise à faire connaître ses recommandations en matière de prévention des homicides intrafamiliaux.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a lancé le 19 juillet à un appel à témoigner aux victimes, afin d’examiner les risques que courent les enfants qui entretiennent une relation avec un parent ayant des antécédents de comportement violent. Ce projet est supervisé par un groupe d’expert.e.s et souhaite mettre en lumière la manière dont les tribunaux de la famille gèrent la sécurité et le bien-être des enfants lorsqu’il existe un risque de violence familiale.

En France, la publication chaque année de l’Étude nationale sur les morts au sein du couple de la Délégation Aux Victimes permet de connaître le nombre d’enfants tués dans deux situations entre 2006 et 2018.

111 enfants furent tués en même temps que leur parent (la mère dans 110 situations sur 111)

182 enfants furent tués « en raison de séparations difficiles ou de conflits de couple (tandis que l’autre parent n’est pas victime) » (c’est l’intitulé de la DAV)

L’auteur de ces 292 meurtres ou assassinats était de sexe masculin dans une écrasante majorité des situations. La mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles confirme également le « lien très fort entre  entre la violence conjugale et les violences commises sur les enfants ».

Par l’intermédiaire de la veille féministe de Féminicides par compagnon et ex-compagnon , nous apprenons que plus d’une dizaine d’enfants ont été tués par leur père depuis le début de l’année 2019. Alors que des membres du mouvement des intérêts des pères séparés et divorcés considèrent parfois ces hommes comme des martyrs du divorce et vont jusqu’à présenter comme unique solution à ces meurtres la systématisation de la résidence en alternance, que compte faire le gouvernement français pour mettre en sécurité les enfants ?

Le Réseau International des Mères en Lutte (GS)

[Maj] Le 17 août 2020 le gouvernement publie l’Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Ce rapport déclare page 26 que  » 25 infanticides ont été commis dans un contexte conjugal ». Il précise que : « 3 mineurs ont été tués concomitamment à l’homicide de leur mère dans 3 affaires distinctes. Dans ces affaires, 1 auteur s’est suicidé ». Puis le rapport ajoute que  » Dans 14 affaires distinctes, 22 enfants ont été tués dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime. L’auteur de l’infanticide est majoritairement le père (12 affaires), la mère l’ayant été à 2 reprises ».

[Maj] 1er septembre 2022. L’ Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple de 2020 indique page 26 que « 8 mineurs ont été tués concomitamment à l’homicide de leur mère dans 4 affaires distinctes. Dans ces affaires, 1 auteur s’est suicidé et 2 autres ont tenté de le faire. » Puis le rapport précise que dans  » dans 6 affaires distinctes, 6 enfants ont été tués dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime. L’auteur de l’infanticide est majoritairement le père (3 affaires), dont l’un s’est suicidé, la mère l’ayant été à 2 reprises et le beau-père à une ».

[Maj 1er septembre 2022. Le rapport de 2021 indique page 26 qu’en 2021 aucun mineur n’a été tué concomitamment à l’homicide de l’un de ses parents. Puis le rapport précise que « dans 10 affaires distinctes, 12 enfants ont été tués dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime. Le père et la mère sont auteurs dans les mêmes proportions. 3 pères et 1 mère se sont suicidés à l’issue et 1 mère a tenté de le faire ».

Ainsi entre 2006 et 2021 :

  • 122 enfants furent tués en même temps que leur parent (la mère dans 121 situations sur 122)
  • 222 enfants furent tués « en raison de séparations difficiles ou de conflits de couple (tandis que l’autre parent n’est pas victime) » (c’est l’intitulé de la DAV)