aliénation parentale, Canada, contrôle coercitif, enfants victimes, Espagne, violences conjugales

Mise en garde contre l’usage de l’ « aliénation parentale » en Espagne et au Canada

Consejo

[Pour traduire – for translate : ici]

Des travailleuses et travailleurs socio-judiciaires, en Espagne et au Canada, se sont positionné.e.s clairement, en janvier et février 2020, contre l’usage du « Syndrome d’Aliénation Parentale ».

  • En Espagne, El Consejo General del Trabajo Social publie le 27 janvier 2020 une note d’information (un décalogue) au sujet de l’usage du « Syndrome d’Aliénation Parentale ».

El Conjejo Genral del Trabajo Social est l’organe de représentation, de coordination et d’exécution de 36 collèges officiels du travail social en Espagne, qui comptent près de 40 000 membres. Il est chargé, entre autres, de réglementer l’exercice professionnel des travailleuses et travailleurs  sociaux, d’assurer le prestige de la profession et d’exiger des associations du travail social et de leurs membres qu’illes respectent leurs obligations déontologiques.

Conformément à la demande de la Résolution Européenne 2016/2575 (RSP), concernant le rôle des Services Sociaux dans la protection des mineurs, El Consejo General del Trabajo Social a fait une déclaration officielle sur le « Syndrome d’Aliénation Parentale » (SAP).

Dans la note d’information du 27 janvier 2020 cette organisme décrit le SAP comme un « faux syndrome » qui « a l’apparence d’être scientifique, mais ne l’est pas ». Il dénonce par ailleurs son « application aveugle » qui entraîne de « graves conséquences » dans des décisions portant sur la résidence des enfants. Les accusations implicites sont également prises en compte et dénoncées dans ce décalogue (aliénation parentale, inquiétude morbide, instrumentalisation des mineurs dans des contextes de conflit parental, conflits parentaux, manipulation du parent, etc…).

  • À Madrid, toujours en Espagne, des expert.e.s dans les domaines de la justice, de la psychologie et des droits de l’enfant ont appelé à leur tour le 7 février 2020 à mettre fin à l’utilisation du « Syndrome d’aliénation parentale » pour déterminer la garde des mineurs.

C’est l’une des  principales conclusions de la Journée d’analyse multidisciplinaire du syndrome dit d’ « aliénation parentale », organisée par l’Association des femmes juges d’Espagne, en collaboration avec l’Institut de la Femme et qui s’est tenue à Madrid. Cette conférence, qui est en ligne, a montré qu’aucune société ou association scientifique ne reconnaît l’existence du « Syndrome d’Aliénation Parentale ». Il est pourtant encore principalement utilisé pour retirer la résidence des enfants aux mères parce que l’on considère qu’elles manipulent les enfants. Les expert.e.s demandent de renverser ces situations avec une formation spécifique pour les actrices et acteurs judiciaires et médico-légaux. [maj : 17 mars 2010 : les conclusions de cette conférence sont accessibles en ligne]

  • Au Canada, l’ Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF), un regroupement d’organismes ontariens, féministes et francophones qui travaillent à défaire l’oppression vécue par les femmes, met en ligne le 24 janvier 2020 un communiqué de presse particulièrement argumenté.

index

En effet, cet organisme constate que, depuis plusieurs années, l’usage de cette pseudo-théorie préoccupait les féministes et les intervenantes de maisons d’hébergement pour femmes et enfants, aux prises avec la violence conjugale.

Aussi, prenant en considération les impacts importants que ce concept provoquait sur la sécurité des femmes et enfants, l’ AOcVF, aux côtés de chercheuses et d’intervenantes, a souhaité dénoncer très clairement  l’utilisation de l’ « aliénation parentale » par le secteur social et judiciaire.

La méconnaissance des violences après la séparation et la mobilisation de notions floues sans fondement scientifique favorisent la confusion.

L ‘AOcVF  souligne ainsi :

On remarque aussi que le terme aliénation parentale est parfois utilisé pour décrire les comportements de l’ex-conjoint violent. En effet, dans un contexte de séparation, celui-ci aura fréquemment recours au dénigrement de la mère ou à la manipulation de l’enfant (Rinfret-Raynor, 2008). Ces comportements peuvent être compris comme étant des comportements d’aliénation parentale. Ainsi, le concept est aussi utilisé par des intervenantes de maisons d’hébergement pour expliquer les comportements du père. Cependant, dans cette situation précise de violences conjugales, il vaudrait mieux mobiliser la notion du contrôle coercitif. Le concept de contrôle coercitif, développé par Evan Stark (2007), fournit des pistes de compréhension plus approfondies des schémas de comportements de violence et de leurs impacts, notamment sur les enfants. Il offre une approche de compréhension du vécu de l’enfant aux prises avec la violence conjugale et permet ainsi de mieux réfléchir à des pistes d’intervention centrées sur sa sécurité et son bien-être en contexte post-séparation.

L’Action ontarienne contre les violences faites aux femmes,  en conclusion de son communiqué de presse, auquel nous adhérons étant donné nos formations et nos prises de position,  invite à une meilleure compréhension de la violence conjugale, notamment après la séparation :

Il est donc nécessaire de continuer à se mobiliser pour que la notion d’aliénation parentale ne soit plus utilisée par les intervenants sociaux et judiciaires au détriment des femmes et des enfants aux prises avec la violence conjugale. Il est aussi nécessaire qu’ils comprennent mieux le phénomène de la violence post-séparation et du contrôle coercitif pour mieux assurer la sécurité des femmes et des enfants.

Le Réseau International des Mères en Lutte

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s